Quels que soient sa forme et ses matériaux, elle est au centre de la vie de chacun, par nécessité ou par goût. Elle est parfois celle dont on se déprend sur un coup de tête : « Plutôt repartir, courir l’aventure de rencontrer enfin l’abri qu’on épuise pas », écrit Colette dans les pages qui ouvrent ce numéro consacré à "La Maison". Elle est peut-être, à l’image de La Chambre bleue de Pierre-Jean Jouve, mystérieuse et figée dans le temps ou, au contraire, familière et originelle comme la Grande Maison célébrée par Vincent Gille. Elle est encore une image d’Ithaque ou du Petit Liré, dont on se demande, avec Pierre Démolis, pourquoi diable il a fallu la quitter, mais dont Les parfums, les couleurs et les sons ne déserteront jamais le souvenir. Elle est, pour Bruno de la Salle, celle qui nous habite autant que nous l’habitons, et constitue avec ses semblables croisées au long d’une vie un patrimoine imaginaire. Édouard Vuillard, dans ses peintures et ses lithographies, en a saisi tout l’intime, toute la chaleur paisible, tout l’intérieur aimé. Mais elle est aussi ce qui l’entoure et sur quoi ouvrent sa porte et sa Fenêtre au nord, nous dit Anne Guglielmetti.
Une maison qui ne serait pas ouverte ne serait guère qu’une prison. Mirabilia est donc allée avec Nicolas Garnier visiter les maisons à Chambri, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, et avec Junichiro Tanizaki un Japon dont l’esthétique, ô combien raffinée, diffère tellement de la nôtre. Ouverte, accueillante, telle est aussi, en actes, la maison dont nous parle Claude Mouchard, tandis que les Demeures de Silvia Radelli sont celles du bout de la vie.
Maisons du vivre ensemble, nous vous aimons ! Mais que cette question est difficile à mettre en œuvre, preuve en est l’extrait des Cités-Jardins d’Ebezener Howard, dont le projet, près d’un siècle plus tard, relève encore de l’utopie. Utopie enfin des Maisons créées par André Malraux, où la culture, qu’il voulait révélation et partage, a rassemblé « dans l’ordre de l’esprit », pendant quelques années, dix pour cent de la population d’une ville.
Au centre de la vie de chacun, disions-nous, la maison relie le ciel et la terre, comme en témoignent les épis de faîtage égrenés au fil de ces pages.

Nous remercions Christophe Carraud de son soutien et de sa fidélité sans faille, ainsi que celles et ceux qui nous ont accompagnés dans la réalisation de ce numéro, Christine Bonnard-Legrand et les éditions Buchet/Chastel, les éditions Dunod, Élise Andrieu, François Durkheim, Mara Mariano et Laurence Posselle.