L’Italie, oui, mais quelle Italie ? Celle que nous avons parcourue, visitée, celle qui nous semble si proche, que nous aimons, que nous connaissons, que nous croyons connaître ? Mirabilia ici se glisse entre les paysages, les chants, les fruits…
Une Italie entre rire et tragique avec la nouvelle de Pirandello qui ouvre ce numéro, et dans laquelle la cocasserie débouche, comme toujours chez l’immense écrivain et dramaturge, sur l’incertaine condition de l’être humain et pose, avec l’élégance du sotto voce propre à l’art de la nouvelle, la question d’une réalité humaine multiple, faite de chair, d’os, d’émotions et, en l’occurrence, de papier !
Une Italie entre le nord et le sud avec Anne Guglielmetti, qui évoque dans ses Pages italiennes deux journées, l’une à Burano, dans la lagune vénitienne, l’autre à Banzi, petite ville de Basilicate.
Une Italie entre musique et vie quotidienne avec la compositrice Giovanna Marini qui nous parle d’abord, de l’intérieur, du son, des intervalles, de la chair même de la musique avant de nous raconter une Naples vivante, chaleureuse, tout en « tierces »...
Une Italie inconnue, avec la figure de Rosa Rosà que nous révèle Joël Gayraud, écrivain et artiste associée au mouvement futuriste italien et qui a défendu la cause des femmes avec autant d’humour que de perspicacité.
Une Italie entre culture et agriculture : l’agronome Isabella Dalla Ragione nous raconte l’histoire des pommes, des poires, des cerises dont elle cultive et sauvegarde des variétés anciennes, celles-là mêmes que les peintres de la Renaissance ont représentées, si on sait les reconnaître…
Une Italie antique, qui surgit à chaque coup de pelle. Statues, colonnes, temples. Là encore, on pourrait se croire en terre connue. Il y a pourtant, nous dit Vincent Gille, de belles et émouvantes surprises à faire en parcourant les musées. Ainsi les fresque de la Villa Livia
Une Italie combattante, enfin, avec le mouvement que l’on a appelé « l’antipsychiatrie » et qui est né à Trieste dans les années 1970, ainsi que nous le rappelle Paola Pisani.
Ces Italies différentes ne s’opposent pas à celle qui nous vient immédiatement à l’esprit et nous semble si familière. C’est pourquoi le cahier central évoque certains films des années 1950 à 1980 que « nous avons tant aimés ».
Italie, Allemagne, nous ne prétendons pas, une fois encore, cerner un pays, une culture, une histoire, mais ouvrir quelques fenêtres peut-être inconnues de nos lecteurs.

Que soient remerciés de leur aide et de leur concours, Pierre Démolis et Jean-Marc Felzenszwalbe pour ainsi dire « correspondants » de Mirabilia en Italie, Anne Bresson-Lucas et les éditons Actes Sud ainsi qu’Antonio Maraldi du Centro Cinema de Cesena.